Définition de MENTEUR, EUSE

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : man-teur, teû-z'

DÉFINITIONS

1
Se dit des personnes qui mentent.
Les lèvres menteuses sont en abomination au Seigneur
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Prov. de Salom. XII, 22
Des prophètes menteurs la troupe confondue
de Jean RACINE dans Athal. I, 1
L'homme est né menteur
de Jean de LA BRUYÈRE dans XVI
Toutes les passions sont menteuses
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Ces oracles menteurs d'un temple méprisable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sémiramis, II, 4
Menteur comme tous les gens d'esprit, qui ne balancent guère à supprimer ou à ajouter une circonstance légère à un fait lorsqu'il en devient plus comique ou plus intéressant
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Pyrrhoniens).
Mentir pour son avantage à soi-même est imposture, mentir pour l'avantage d'autrui est fraude, mentir pour nuire est calomnie, c'est la pire espèce de mensonge ; mentir sans profit ni préjudice de soi ni d'autrui n'est pas mentir : ce n'est pas mensonge, c'est fiction
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans 4e prom.
Celui qui ne peut faire un mensonge qu'en rougissant n'est point encore menteur
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod. t. I, p. 44, dans POUGENS
Sémantique : Familièrement. Menteur comme un arracheur de dents, homme qui dit beaucoup de mensonges ; locution tirée de ce que l'arracheur de dents promet à ses pratiques de ne pas les faire souffrir.
On dit dans le même sens : menteur comme une épître dédicatoire, comme un panégyrique ; menteur comme un valet, comme un laquais.
Il était menteur comme un valet
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 8
Sémantique : Terme de chasse. Chien menteur, celui qui cèle la voie pour gagner le devant, ou qui crie à faux.
Dans l'Écriture, tout homme est menteur, c'est-à-dire tout homme est sujet à tromper.
Je suppose néanmoins que le livre qui fait mention de César, ne soit pas un livre profane écrit de la main des hommes qui sont menteurs
de Jean de LA BRUYÈRE dans XVI
2
Il se dit aussi des choses dont on compare l'apparence trompeuse à un mensonge.
Toutes leurs voluptés sont courtes et menteuses
de Pierre CORNEILLE dans Imit. III, 12
Sottes prétentions, grandeurs qui nous flattez, Est-il rien de menteur comme vos vanités ?
de Jean de ROTROU dans Vencesl. II, 4
Si ce front n'est menteur, vous approuvez mon choix
de Jean de ROTROU dans St Genest, I, 4
Funeste aveuglement ! perfide jalousie ! Récit menteur, soupçons que je n'ai pu celer
de Jean RACINE dans Bajaz. IV, 1
Un roi sage, ennemi du langage menteur, Écarte d'un regard le perfide imposteur
de Jean RACINE dans Esth. III, 3
Madame, voilà donc cet ennemi terrible ; De vos songes menteurs l'imposture est visible
de Jean RACINE dans Athal. II, 7
Argument menteur, argument des sophistes grecs, par lequel on prétendait démontrer qu'il n'y a point d'évidence réelle ; on le présentait sous cette forme : Épiménide dit que les Crétois sont menteurs ; or Épiménide est Crétois, donc il a menti, et les Crétois ne sont pas menteurs ; mais si les Crétois ne sont pas menteurs, Épiménide étant Crétois a dit vrai, etc.
3
Nature : nm et f Menteur, menteuse, celui, celle qui ment, qui a l'habitude de mentir.
Un menteur est toujours prodigue de serments
de Pierre CORNEILLE dans le Ment. III, 5
Et même qui mentirait Comme Ésope et comme Homère, Un vrai menteur ne serait
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IX, 1
Il faut parler, mes pères, il faut le nommer, ou souffrir la confusion de n'être plus regardés que comme des menteurs indignes d'être jamais crus
de Blaise PASCAL dans Prov. XVI
C'était la plus intrépide menteuse que j'aie connue
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 2e part.
Sémantique : Fig.
Je n'ai jamais cherché les baisers que nous vend Et l'hymne dont nous berce avec sa voix flatteuse La popularité, cette grande menteuse
de Victor HUGO dans Voix, 2
Menteur d'hiver, celui qui dit qu'il n'a pas froid quand il gèle.

PROVERBES

1
Exemple : Il faut qu'un menteur ait bonne mémoire, c'est-à-dire une bonne mémoire lui est indispensable pour qu'il ne se coupe pas, ne se contredise pas.
....Un menteur qui n'a pas de mémoire Se décèle d'abord ...
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Glor. IV, 1
2
Exemple : On attrape plus vite un menteur qu'un voleur, c'est-à-dire les mensonges se découvrent facilement.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
[Dame] Qui croit faus druz [amant] menteor
dans Couci, 1
Car s'en vous truis [si je trouve en vous] le semblant menteor
dans ib. XVI
2
XIIIe s.
Chacuns hons est mentierres
dans Psautier, f° 142
3
XVe s.
D'entour lui [il] doit touz menteurs rebouter
de Eustache DESCHAMPS dans Vertus nécess. au prince.
4
XVIe s.
Il faudroit que la parole de Dieu fust menteuse (ce qui n'est point), si....
dans Sat. Mén. 148
Ceste Grece menteresse
de Joachim DU BELLAY dans I, 40, recto.
On se peult bien garder d'un larron ; d'un menteur garder ne se peult on
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 246

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. mentire, mentidor ; ital. mentitore ; du lat. fictif mentitorem, dérivé de mentiri, mentir. Le provençal mentire, le français mentiere est le nominatif, de mentitor, avec l'accent sur ti ; mentidor, menteor est le régime, de mentitorem, avec l'accent sur to.

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